Hier petite maison de négoce, aujourd’hui domaine de renommée mondiale

 Les origines de la propriété familiale Giacosa remontent au XIXe siècle, lorsque Carlo, le grand-père de Bruno, et plus tard son père Mario, achetèrent les raisins des domaines voisins pour les revendre à des producteurs établis car, à cette époque l’entreprise se concentrait encore sur le négoce et non sur la production. En effet, la famille ne possédait pas encore de vignes et le vin n’était pressé qu’à petite échelle pour son propre usage. Bruno Giacosa a commencé très jeune à travailler dans l’entreprise familiale, il a ainsi tout appris sur la qualité du raisin et la production de vin : les gestes qui s’imposent dans le vignoble lui ont rapidement été aussi familiers que les tâches les plus importantes de la cave. Toutes ses connaissances acquises, Bruno Giacosa les a mises à profit pour la première fois lors de la vinification d’un Barbaresco Riserva du millésime - puis l’histoire à succès a suivi son cours, son habileté à exalter le goût ayant rapidement fait parler de lui. Dès 1964, Bruno Giacosa embouteillait ses premiers vins de parcelles uniques : et sur ce point, le jeune vigneron était très moderne et l’un des premiers producteurs du Piémont à vinifier séparément la récolte de parcelles privilégiées.

Équilibre parfait entre tradition et modernité

A la différence de beaucoup de ses collègues vignerons, qui élaboraient leurs vins rouges de façon nettement plus moderne en pratiquant une macération plus courte et un élevage en barriques pour obtenir des vins plus souples, buvables plus jeunes et davantage empreints des arômes du chêne, Bruno Giacosa a toujours été attaché aux méthodes de vinification modernes, aux grands fûts de bois et aux maturations longues. Le vigneron de l’ancienne école refusait par exemple de limiter la teneur en tannins, lesquels lorsqu’ils sont perceptibles, constituent une des caractéristiques primordiales du cépage nebbiolo. Grâce à un élevage patient, les vins de Bruno Giacosa ont toujours conservé une mystérieuse retenue, qui caractérise notamment ces grands vins d’un potentiel de garde extraordinaire, et qui même au terme d’une longue évolution ont un goût de jeunesse.

Ceci dit, l’attachement de Bruno Giacosa à la tradition n’avait rien à voir à un manque d’esprit pionnier - au contraire. Giacosa et son maître de chai Dante Scaglione, se sont toujours montrés très réceptifs à l’égard des innovations techniques de cave qui permettaient une amélioration des vins sans toutefois changer leur style : par exemple l’utilisation de nouvelles cuves en acier inoxydables optimisait le rendement en tannins, tandis que les matières extraites s’avéraient beaucoup plus veloutées et le temps de fermentation et de macération écourté. Par ailleurs, des pièces françaises de moyenne contenance qui au fil des années ont été ajoutées aux vieux tonneaux en bois de chêne de Slavonie, ont enrichi les vins de plus de finesse sans pour autant masquer le goût caractéristique du cépage par des arômes grillés et les notes de vanille caractéristiques des barriques neuves.

Bruna Giacosa, sa fille, mise aussi sur le style traditionnel

Après que Bruno Giacosa, dans les vingt premières années de sa carrière, eut produit tous ses vins à partir de raisins achetés dans des vignobles soigneusement sélectionnés dans le voisinage, il put grâce à sa réussite, acquérir au début des années 80, d’abord une parcelle de première classe à Barolo, puis plus tard d’autres superbes emplacements à Barbaresco, La Morra et Serralunga. Depuis, les vignes couvrent un peu plus de vingt hectares.

Tout au long de sa vie, Giacosa a voué une attention toute particulière à l’arneis, vieux cépage à vin blanc autochtone, dont la culture diminuait constamment et qui aurait sans son engagement et celui de certains de ses collègues vignerons, vraisemblablement complètement disparu du Piémont.  Grâce à son initiative, de nombreux viticulteurs piémontais ont repris goût à ce cépage difficile à cultiver, au point qu’il s’épanouit aujourd’hui sur plusieurs centaines d’hectares. A côté de l’arneis et du nebbiolo, les variétés régionales typiques,  dolcetto et barbera, peuplent les vignobles de l’Azienda Agricola Falletto – aucun cépage international n’a jamais trouvé sa place dans les vins de la famille.

Comme son père, Bruna Giacosa mise sur des récoltes manuelles, une macération intensive et une extraction douce des meilleurs tannins, un élevage patient en grands fûts et un affinage patient en bouteille. Grâce à quoi, la personnalité de chaque cépage est parfaitement mise en relief – et comme toujours sans aucune note de bois dominante. Elle a conservé le style unique des vins du vieux maître et en fin de compte, les vins de Bruna Giacosa n’ont rien à envier à ceux de son père. De quoi nous réjouir d’ores et déjà de chaque futur millésime de ce domaine culte légendaire.